Quelques mots concernant la vie de Jules Fuèík

        Jules Fuèík (lire Foutchik) est né en 1903 et a été exécuté en 1943. Journaliste, écrivain, critique littéraire, penseur révolutionnaire, il a vécu les événements les plus dramatiques, les conflits sociaux et politiques, pendant la période de la République tchécoslovaque. En tant qu´étudiant, il est devenu un des cofondateur du Parti communiste tchécoslovaque (PCT). Dans les années trente, il fut rédacteur du quotidien du PCT. Apres la signature de l´accord du Munich (septembre 1938) - qui fut le prologue a la Seconde Guerre Mondiale - le PCT a été dissous. Pendant l´occupation nazie de la Tchécoslovaquie (1939-1945), le PCT a continué ses activités dans la clandestinité dans les conditions les plus dangereuses.
        En 1941, les nazis ont arreté et emprisonné les membres du premier Comité central illégal du PCT. Aussitôt, un deuxieme Comité central illégal du PCT a pris naissance et Jules Fuèík est devenu un de ses membres. En avril 1942, les membres du deuxieme Comité central illégal du PCT ont été arretés, y compris Fuèík. Les nazis l´ont torturé si intensivement que le médecin de la prison a meme rempli son acte de déces. Mais Fuèík a survécu.
        Grâce a un maton – patriote tcheque déguisé en uniforme nazi – qui travaillait a la prison pragoise et qui est entré en contact avec Fuèík, il a pu écrire ses mémoires. Il lui donnait des morceaux de papier avec un crayon. Au cours de ses dernieres semaines, vécues dans la prison pragoise, Fuèík a décrit la situation – le comportement brutal des nazis et les positions patriotiques de quelques coprisonniers ainsi qu'une courte histoire de la vie du PCT dans la clandestinité. Il a écrit en tout 167 morceaux de papier. Le maton les a tour a tour portés hors de la prison et les a remis a des amis qui vivaient a la campagne. Ils les ont mis dans un grand verre qu'ils ont enterrés dans leur jardin. Apres la libération de la Tchécoslovaquie du joug nazi, ils ont deterré ce verre et son contenu. La derniere oeuvre de Fuèík a donc pu etre remise a la femme de Fuèík qui avait elle, par pur hasard, survécu au camp de concentration nazi ou elle fut internée.
        Ces écrits ont été publiés pour la premiere fois a la fin de 1945 dans un livre intitulé „Reportage écrit sous la corde“. Cette oeuvre a été traduite en quatre-ving-dix langues (en français elle était éditée sous le titre „Ecrits sous la potence“). Avant 1989, cette oeuvre a connu plus de trente rééditions en République tchécoslovaque. Fuèík est devenu le symbole de la lutte anticapitaliste et antifasciste, le symbole de la fidélité au communisme, a la lutte pour une société socialement juste et démocratique. Tous les écrits de Fuèík, son legs littéraire ont été rassemblés et publiés apres la guerre en douze tomes.
        Apres 1989, les ennemis du progres ont calomnié les représentants communistes et plus généralement progressistes. Ils ont publié également des mensonges, déclarant que Fuèík était devenu indicateur, qu´il avait trahi ses camarades, qu´il n´a pas été exécuté, que les nazis ont pris soin de lui apres la guerre et qu´il vit peut-etre avec quelques nazis en Amérique latine. En plus, ils ont annoncé que le „Reportage“ n´était pas l'oeuvre de Fuèík, mais un faux communiste.
        C´est pourquoi un groupe d´historiens s´est mis a étudier tous les documents accessibles liés a la vie de Fuèík, surtout a son activité dans la clandestinité, a la prison et au cours des interrogatoires. Ils ont étudié environ trente mille documents, ils ont interviewé ceux qui étaient en contact avec Fuèík, meme avec ses coprisonniers qui ont survécu au nazisme. Et ils ont remis le manuscrit du „Reportage“ au Ministere de l´intérieur pour vérifier l´authenticité de l´écriture de Fuèík. Le ministere de l´intérieur d'apres 1989 a pu ainsi vérifier le fait que le manuscrit de la derniere oeuvre de Fuèík confirmait bien qu´il avait été écrit de sa propre main. Ce groupe d'historiens, apres ces études approfondies, a aussi pu confirmer que Fuèík n´avait trahi aucun de ses compatriotes. Bien au contraire, quelques-uns d´entre eux ont témoigné que les dépositions de Fuèík au cours des interrogatoires étaient prononcées en faveur de ses coprisonniers. – Malgré ces résultats confirmés par les hommes de science, aucun journalistes et aucun politicien ne s´est excusé pour avoir semé des mensonges, des calomnies concernant ce héros honnete qui a sacrifié sa vie pour que nous puissions vivre en paix.
        La statue de Fuèík a été enlevée du lieu public ou elle se trouvait avant 1989. Les représentants de la gauche tcheque ont alors créé la „Société Jules Fuèík“ qui maintient la mémoire des combattants antifascistes, des penseurs et des hommes politiques de la gauche tchécoslovaque. A l´heure actuelle, notre Société exige que la statue du combattant patriotique antifasciste soit remise en lieu public.